Les délices de Tokyo

Ce samedi 30 juillet, nous étions conviés au café Nanashi pour une dégustation de dorayaki – pâtisserie traditionnelle japonaise composée d’une génoise fourrée à la pâte an, une pâte de haricots rouges azuki. L’occasion de se régaler, mais aussi de fêter la sortie en DVD du film Les délices de Tokyo (An, en version originale). Un film remarqué au festival de Cannes 2015, qui nous avait beaucoup touchés lors de sa projection au cinéma, et qui mérite largement sa critique a posteriori.

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Création de la réalisatrice Naomi Kawase, avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase et Kyara Uchida dans les rôles principaux, An raconte les destins croisés de trois personnages – trois visages de la solitude ordinaire. Wakana, la lycéenne, fréquente régulièrement l’établissement de Sentarô, un vendeur de dorayaki. Un jour, Tokue, une gentille septuagénaire, se présente à la boutique et demande à y travailler. D’abord réticent, Sentarô se laisse convaincre lorsqu’elle lui fait goûter la pâte an qu’elle prépare elle-même, bien meilleure que celle qu’il utilise. La boutique ne désemplit plus, et la joie touchante et communicative de Tokue commence à rendre le sourire à son taciturne employeur.

« Comment peut-on vendre des dorayaki et n’aimer pas le sucre ?! », s’insurge Tokue.

Si la première partie du film nous donne à voir une leçon de vie pleine de spiritualité – la recherche du geste parfait et du sens de la vie dans une simple pâtisserie –, la seconde partie apporte une dimension sociale et même politique au long-métrage, toujours réalisée avec simplicité et une sorte de pudeur. En effet, ce qui relie ces personnages au-delà des dorayaki, c’est leur statut d’exclus de la société. Wakana, quasi-abandonnée par sa famille, se nourrit en partie des restes offerts par Sentarô. Tokue vit dans un dispensaire à la limite de la ville, là où étaient enfermés les malades de la lèpre. Quant à Sentarô, il a passé du temps en prison suite à des problèmes d’alcool. Et bientôt, au travers du regard que portent les autres personnages, et notamment la propriétaire de la boutique que Sentarô ne fait que gérer, le film se met à nous parler de carcans sociaux et de l’exclusion que subissent tous ceux qui sortent du cadre au Japon.

Au final, An est un film politique et humain, empli d’une critique sociale à mille lieues de la promesse gastronomique (et aseptisée) de son titre français.

On vous laisse avec la bande-annonce !

Florence Rivières

Rédactrice

Couteau suisse autodidacte, Florence Rivières est comédienne, modèle, photographe, auteur... et amoureuse de thé, de découvertes et de voyages en nature.

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