Les estampes japonaises, connues sous le nom d’ukiyo-e (littéralement « images du monde flottant ») se sont développées au Japon au XVIIe siècle. Grâce au travail des graveurs et des imprimeurs, la classe populaire pouvait accéder à l’information et à la culture pour un prix équivalent à celui d’un plat de nouilles. Des artistes de renom comme Hokusai et Hiroshige ont ainsi aidé à démocratiser les portraits des acteurs de théâtre kabuki de l’époque, ainsi que les paysages des sites touristiques en vogue.
Avec la popularité de l’estampe, les peintres furent forcés de peindre de plus en plus afin de respecter une demande sans cesse grandissante. À force de pratique, les thèmes les plus divers étaient abordés, et Hokusai lui-même disait qu’il n’y avait rien qu’il ne puisse dessiner.
Par leur travail et leur abnégation, les dessinateurs de mangas rappellent les illustrateurs d’estampes de l’ancien temps.
Les auteurs de mangas modernes sont les dignes héritiers des créateurs d’estampes d’autrefois. Ne rechignant pas à la tâche, ils doivent se remettre sur leur métier jour après jour, sans relâche. Le système de parution sérielle (rensai) au Japon l’exige. Dans le cas d’une parution hebdomadaire, le scénario est défini du dimanche au lundi. Le mardi est consacré au storyboard (aussi appelé nêmu), avant d’attaquer le dessin des planches avec les assistants du mercredi au vendredi – quand cela n’empiète pas carrément sur le samedi et le dimanche qui suivent.
Une telle quantité de travail donne aux auteurs de manga une qualité de réalisation qui n’est pas sans rappeler les peintres d’autrefois. Les planches sont peintes avec vélocité et sans hésitation. Les traits sont puissants et simulent la profondeur.
Moyoco Anno trace le trait d’union entre estampes anciennes et illustration contemporaine.
Deux expositions à venir sur l’archipel nous permettent de voir ce qui relie les grands maîtres d’antan et les artistes d’aujourd’hui, à travers le travail de l’illustratrice Moyoco Anno (Happy Mania, Sakuran, Chocola et Vanilla). Deux de ses dessins ont en effet servi de base à la création d’estampes suivant les techniques traditionnelles : plusieurs planches de bois sont sculptées afin de servir de « tampon encreur ».

Chaque couleur est ainsi traitée séparément, pour donner une résultat proche de la sérigraphie que nous connaissons bien sous nos latitudes. Le résultat : des reproductions dans lesquelles on ressent toute la finesse du travail artisanal. Un vibrant hommage aux créateurs d’autrefois.

Retrouvez les galeries dans lesquelles seront exposées les estampes des illustrations de Moyoco Anno ci-dessous.
– Mai Yoshino. Photos : Natsuki Kuroda.
STRIP! Portfolio 1996-2016
À l’occasion de l’ouverture du Parco Museum d’Ikebukuro (Tokyo) sera présentée une rétrospective des œuvres de Moyoco Anno. Les deux estampes seront vendues sur place.
Parco Museum
Ikebukuro Parco, 7e étage
Toshima-ku, Tokyo Minamiikebukuro 1-28-2, Tokyo, Japon.
Exposition exceptionnelle du 1er au 26 septembre 2016.
Plus d’informations sur le site du Parco Museum.
AI KOWADA Gallery
Exposition de deux portraits de courtisanes, celle d’Utamaro et celle de Moyoco Anno.
AI KOWADA Gallery
2e étage, 3331 Arts Chiyoda
6-11-14 Sotokanda, Chiyoda 101-0021, Tokyo, Japon.
Exposition du 17 au 25 septembre 2016. Ouverture de 14:00 à 18:00.
Plus d’informations sur le site de la galerie.