Nippo-Américains déportés, une partie oubliée de l’histoire

View Gallery 25 Photos

À l’automne 2008, l’acteur américain George Takei est en train d’assister à un spectacle musical à Broadway, quand une chanson l’émeut particulièrement. « Useless » (inutile), raconte les tourments d’un père de famille incapable de soutenir sa famille. Le morceau réveille chez l’acteur des souvenirs douloureux, de l’époque où lui et sa famille – d’ascendance japonaise – ont été internés dans un camp de déportation nord-américain, dans les années 1940 (1).

Grâce à son travail, George Takei va remettre sur le devant de la scène un pan de l’histoire que le public américain ignore tout simplement trop souvent. Suite à l’attaque sur Pearl Harbor, en décembre 1941, le sentiment anti-japonais va se trouver renforcé aux États-Unis. Tous les résidants d’origines nippones vont devenir suspects aux yeux du gouvernement, accusés d’être potentiellement des espions infiltrés, entre autre à cause de leur fidélité à l’Empereur. Le président Franklin D. Roosevelt va finir par demander leur internement. Au total, plus de 110.000 personnes vont devoir revendre leurs biens, abandonner leurs commerces et confier leurs terres à des tiers avant d’être purement et simplement envoyées dans un des dix camps de déportation du territoire (désignés sous l’euphémisme de Relocation Centers, ou « centres de relogement »). 110.000 et quelques personnes qui seront tout simplement privées de leur liberté, à cause de leurs origines. Les déportés accepteront généralement leur sort avec fatalisme, mais leurs conditions de vie n’en seront pas moins spartiates (pour ne pas dire inhumaines), les camps étant situés dans des zones désertiques et inhospitalières, quand ils ne sont carrément pas surpeuplés (2).

De manière surprenante, le gouvernement américain va demander à une photographe de documenter les événements, et d’accompagner les déportés durant leur exil. Dorothea Lange est pourtant connue pour ses opinions plutôt à gauche et sa compassion envers les victimes de discrimination raciale. Au final, elle va produire des clichés d’une rare intensité, dénonçant le comportement inhumain de son propre gouvernement.

Les photos de Dorothea Lange resteront cachées pendant de nombreuses années, pour des raisons évidentes. Elles seront rendues publiques à partir de 1972 (3), et feront l’objet d’une exposition qui aura un impact considérable sur le public. Nous avons choisi de vous en montrer quelques-unes ici.

(1) De ce souvenir naîtra le musical Allegiance, qui sera joué à Broadway entre 2015 et 2016.
(2) Pour en savoir plus, lire la page Wikipédia « Internement des Nippos-Américains« .
(3) Source : http://www.densho.org/dorothealange/

Jess Grinneiser

Rédacteur en chef

Visiteur régulier de l'Asie orientale depuis plus de 15 ans, Jess cherche avant tout à découvrir ce qui lie les cultures entre elles. Gastronomie, artisanat, pop culture... et thé, autant de domaines qui le passionnent et qu'il souhaite partager avec le plus grand nombre.