A force de tendre l’oreille, on finit parfois par entendre des mots qui reviennent inlassablement, jour après jour, semaine après semaine. Un de ceux qui nous sont particulièrement rentrés dans le crâne ces derniers mois (années !), c’est le mot « shibari ». Tiré du verbe japonais signifiant « lier, attacher », il décrit en occident une technique que l’on associe généralement à l’univers du BDSM – soumission, contrainte, humiliation, etc., le tout dans des buts érotiques. En deux mots : attacher, on pense, une jeune femme, avec des cordes, afin de lui imposer sa volonté de dominateur forcément sadique. Or, vous vous en douterez, la réalité est assez éloignée de ces images d’Epinal, et il serait bien compliqué d’essayer de résumer l’acte en quelques mots à peine.

Si l’on devait commencer par le plus petit dénominateur commun, on dirait que le shibari (aussi appelé kinbaku) cherche avant tout à créer un contact, un lien entre deux personnes, sans discrimination de sexe ou de genre, et sans considération de « supériorité » supposée. Le terme de lien n’est d’ailleurs pas galvaudé, tant la symbolique de la corde est puissante : fil d’argent qui relie l’humanité, ou cordon ombilical nous liant figurativement à une entité rassurante.

Il est à ce compte passionnant d’écouter les pratiquants eux-même parler de la vision de leur art, des visions distinctes mais complémentaires. Nous allons justement, au fur et à mesure que cette chronique se déliera, leur donner la parole. Modèles, encordeurs, photographes ou admirateurs, autant d’identités qui (se) cherchent dans une pratique dont le sens ne cherche qu’à affleurer.
On en reparle très vite, et on vous laisse en bonne compagnie !